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vendredi 15 février 2013

Jennifer Lawrence en couverture du numéro des Oscars de The Wrap


Jennifer Lawrence est en couverture du numéro consacré aux Oscars du magazine The Wrap, accompagné d'une interview et d'un photoshoot. 


Lawrence sait que son approche dépasse « ne les laissez jamais vous voir transpirer » —au lieu de ça, c’est plutôt « ne transpirez pas. » Et au vu de sa surprenante carrière qui a commencé à l’âge de 14 ans, elle a lentement, tout en doutant occasionnellement, appris à adopter cette approche particulière.
« J’aime travailler le moins possible, c’est sûr, » admettait-elle en haussant les épaules, assise dans l’hôtel West Hollywood trois jours après avoir remporté le Screen Actors Guild Award de la meilleure actrice. « Je pense que ça fait plus naturel et plus vrai. Parfois, on est en train de faire une scène et on a déjà fait cinq ou six prises, et je suis juste morte. J’ai mémorisé mes répliques. Je me rappelle des répliques de mes costars et ça n’est plus authentique. »
Mais comment cette approche minimale, d’en faire le moins possible, a-t-elle résulté avec des performances comme celles qu’elle a faites dans Winter’s Bone ou Happiness Therapy ? Comment peut-on faire le minimum syndical et finir par obtenir deux nominations aux Oscars, sans compter les rôles dans deux franchises du moment, X-Men et Hunger Games ? Elle doit vraiment travailler dur à un certain moment, n’est-ce pas ?
« On pourrait le croire, » sourit-elle. « Je ne sais pas, j’ai toujours analysé les gens et été fascinée par leurs réactions et leurs sentiments. Et je pense que c’est le meilleurs cours de théâtre que l’on puisse prendre –observer de vraies personnes, les écouter et les analyser. »
Une pause. « Je sais que ça donne l’impression que je suis nulle, mais c’est juste simple pour moi. Certaines personnes sont médecins et faire de la chirurgie leur vient naturellement. Pour les écrivains, les mots s’enchaînent. J’ai un ami qui peut écrire une chanson magnifique qui vous brisera le cœur en 25 minutes. Il y a certaines choses pour lesquelles les gens sont faits. Et pour moi, jouer faire partie de ces choses. »
« Je comprends ça –et tant mieux, parce que c’est à peu près la seule chose au monde que je comprennent vraiment. »

David O. Russel a une photo préférée de Jennifer Lawrence. Elle n’a pas été prise sur le tournage de Happiness Therapy et ce n’est assurément pas un cliché glamour –pour dire vrai, on ne voit même pas le visage de Lawrence sur la photo.
En fait, Russell l’a prise à la récente cérémonie des Golden Globes où Lawrence est venue avec ce qu’elle décrit comme 40 degrés de fièvre avant de gagner le prix de la meilleure actrice dans une comédie ou musicale. Après ça, en arrivant dans les coulisses, elle a attrapé un sachet de chips –et quand elle est retournée s’asseoir, elle a posé le sachet sur sa robe Dior Haute Couture, a fourré sa main dedans (elle portait une énorme bague de diamants Chopard qu’elle appelle « une boule de neige ») et a commencé à grignoter.
« C’est ma photo préférée et c’est sa main avec ce bijou luxueux dans un sachet de chips, » expliquait Russell. « C’est notre Jennifer. Elle est à la fois une gamine et une femme glamour. »
Originaire de Louisville, Lawrence a joué pour la première fois dans une publicité MTV à 14 ans, puis dans la série comique The Big Engvall Show, puis dans le premier film de l’actrice Lori Petty The Poker House. « J’étais très excitée que des gens me disent que j’étais douée pour jouer parce que je n’avais jamais été bonne à quoi que ce soit dans la vie, » raconte-t-elle. « Je me sentais stupide tous les jours à l’école et je n’étais pas particulièrement sportive ou heureuse quand je faisais du sport. Je n’arrivais pas à trouver ma place et ensuite, j’ai enfin trouvé quelque chose qui me correspondait. »
Quand elle a obtenu un rôle clé en tant que jeune Charlize Theron dans The Burning Plain, le premier film réalisé par le scénariste de Babel Guillermo Arriaga, elle avait peur que ses premières expériences ne soient des anomalies. « J’étais terrifiée, » dit-elle. « Je n’avais fait qu’un seul autre film et le réalisateur m’aimait beaucoup. Mais je me suis dit que je n’avais jamais fait ça auparavant et je ne savais pas ce que je faisais. Je me suis dit : ‘’Est-ce que je pourrais le refaire ?’’ Je n’avais aucune confiance en moi –mais quand j’ai commencé et que j’ai ressenti exactement la même chose que pour le premier, j’ai commencé à prendre un peu plus d’assurance. »
Le temps qu’elle fasse Winter’s Bone de Debra Granik, qui a été diffusé pour la première fois en 2010 à Sundance, Lawrence se sentait à l’aise dans le processus –et tombait amoureuse du monde des films indépendants. « C’est probablement le dernier film sur lequel j’ai travaillé où il n’y a pas eu une seule discussion au sujet du public, » dit-elle d’un air rêveur. « On ne s’attendait juste pas à en avoir un. Passer de là au tapis rouge des Oscars était vraiment incroyable. »
D’un autre côté, Jennifer Lawrence affirme que sa facilité avec le jeu ne se retrouvait pas dans toutes les facettes du métier. « J’étais complètement nulle aux auditions, » dit-elle. « Je me rappelle à quel point c’était frustrant quand j’auditionnais et que quelqu’un avait vu The Burning Plain ou The Poker House et qu’ils disaient : ‘’Au vu de sa performance dans le film, je pensais qu’elle allait beaucoup mieux s’en sortir.’’ Et je me disais : ‘’Je tournais un film quand j’ai fait ça !’’ On me tendait juste une papier et on me disait : ‘’Joue, singe, joue !’’ »
Malgré cela, après avoir lu le scénario de Happiness Therapy, Lawrence avait très envie d’auditionner pour Russell, un de ses réalisateurs préférés. « Je la trouvais juste bizarre, » dit-elle de son personnage, Tiffany Maxwell, une jeune femme qui utilisait le sexe pour soulager sa douleur après la mort de son mari. « Et j’adorais non seulement ce qu’elle apprenait au personnage de Bradley [Cooper] mais aussi sur le fait qu’on ne devait pas toujours se concentrer sur le fait de changer, mais sur le fait de s’apprécier. »
Russell trouvait que Lawrence était trop jeune pour le rôle, mais il a accepté de faire une audition sur Skype. « C’était un peu une formalité, comme si elle n’avait pas vraiment sa chance, » dit-il. « Je savais très peu de choses sur elle, mais j’avais juste une intuition bizarre. »
Lawrence a fait l’audition depuis la maison de ses parents à Louisville, en faisait du jogging pour les scènes de course du film, puis elle a pleuré pour une scène clé pendant que Russell faisait les répliques de Cooper. « Elle a vraiment une qualité naturelle, elle est elle-même avec sa voix grave, » se souvient Russell. « Elle était tellement vraie et authentique, pas précieuse du tout, et elle répondait très bien  à mes instructions. »
Après que Lawrence ait pleuré, Russell lui a demandé si elle avait besoin d’un mouchoir. Elle en voulait effectivement un et elle a traversé la pièce pour ouvrir une porte avec de s’arrêter et de dire à Russell qu’elle n’irait pas dans l’autre pièce parce qu’elle y avait vu une énorme araignée quelques jours plus tôt. « Elle a dit que c’était le genre d’araignée qui recroquevillait ses pattes au-dessus de sa tête, » racontait Russell. « Et elle a imité l’araignée d’une façon tellement bizarre, qui était indescriptible, tout en étant merveilleux et extrêmement drôle qu’elle m’a absolument enchanté. »
Après avoir obtenu le rôle et être arrivée sur place pour travailler, Lawrence se rappelle que Russell la poussait à être vraie. « David me disait toujours de parler moins fort, » dit Lawrence. « Sa phrase fétiche était : ‘’Pas de connerie.’’ Je pensais : ‘’D’accord, je crois qu’il va falloir que je retire la connerie de ma voix.’’ »
Alors que Russell se tenait tout près des acteurs et leur criait des instructions et de nouvelles directions en plein milieu d’une scène, Lawrence dit avoir trouvé l’expérience de Happiness Therapy spontanée et stimulante.
« Elle va foncer dans une direction et on lui dit : « Non, va plutôt par là,’’ alors elle va foncer dans cette direction, » explique Russell. « C’est quelque chose de fantastique pour un acteur –une volonté d’adopter un rôle tout en acceptant les remarques et plonger dans une nouvelle direction. »

En parlant d’autres directions, la carrière de Lawrence s’est semble-t-il basée sur un chemin parallèle : des indépendants comme Happiness Therapy, Winter’s Bone et The Burning Plain d’un côté et des franchises comme X-Men et Hunger Games de l’autre. Le côté franchise lui apporte le salaire de 10 millions de dollars mais le côté indépendant est clairement où son cœur penche.
« J’avais fait des films indépendants avec Winter’s Bone, » dit-elle. « mais c’était la première fois que je pouvais vraiment ressentir cette sensation d’être frigorifié après la 18ème heure, et tout le monde faisait pareil, on avait tous la passion de ce qu’on faisait. C’est un sentiment qu’on n’aura jamais sur un film en studio. On aura une très belle caravane, mais il n’y aura jamais ce lien avec les gens. C’est seulement sur les films indépendants et je recherche ça au quotidien. »
Pourtant, elle retourne sur ses neuf jours finaux de tournage du deuxième film Hunger Games juste après les Oscars, avant de faire un autre film X-Men. « Ça avait l’air fun et ça l’était, au final. Quant à Hunger Games, je l’ai adoré malgré sa taille. J’ai adoré le scénario et les livres et j’ai adoré toutes les personnes impliquées. Je n’ai pas aimé sa taille et je ne voulais pas être dans une autre franchise. Mais je ne regrette pas d’avoir accepté, ce qui me surprend un peu, parce que je m’attendais complètement à regretter. »
Maintenant, Lawrence est de retour sur le circuit des Awards qu’elle a traversé à 20 ans. « Je suis dans une situation différente, cette fois, » explique-t-elle. « La dernière fois, j’étais nouvelle dans l’industrie donc c’était une explosion et une entrée terrifiante dans le business. Maintenant, je suis plus à l’aise, donc ça ne fait pas aussi peur. »
De plus, selon Russell, Lawrence sait désormais comment se tenir dans n’importe quelle situation. « Elle n’a pas peur de dire ce qu’elle pense, que ce soit avec Harvey Weinstein ou moi, » dit-il. « Elle ne filtre pas ce qu’elle dit et elle ne se complique pas la vie, elle n’entre pas dans ce côté formaté. »
Il rit. « J’ai fait une séance de questions/réponses avec elle une fois et elle parlait de son personnage [dans Happiness Therapy] et elle a dit : ‘’Je n’avais jamais vu un personnage aussi têtu et vulnérable.’’ Et j’ai dit : ‘’Vraiment ? Parce que tu es comme ça.’’ »


Via The Hob

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