Jennifer Lawrence dans le magazine Psychologies

Jennifer Lawrence a été interviewée et photographiée pour le magazine Psychologies (UK) du mois de juin 2014. 

La première fois que l’on rencontre Jennifer Lawrence à Londres, on s’attend presque à la voir trébucher à travers le pas de porte, après sa chute désormais célèbre alors qu’elle allait recevoir son Oscar de la Meilleure Actrice dans Happiness Therapy. Mais non seulement arrive-t-elle sans tomber, mais elle s’approche tellement discrètement qu’on ne réalise pas qu’elle est arrivée. On sursaute quand on la voit et elle éclate de rire. Habillée d’une simple jupe et d’un t-shirt, elle n’en fait pas de trop : c’est exactement pour ça qu’on l’adore à Psychologies. Lawrence n’est définitivement pas une diva. Elle est attachante, drôle, peut-être un peu maladroite. « J’essaie de ne pas changer ; je ne veux pas me comporter différemment parce que je suis célèbre, » déclare-t-elle. « Je ne veux pas arriver au stade où je devrais faire semblant de me conformer à une image glamour. Je n’en vois pas l’intérêt. » Elle coiffe ses cheveux fraichement coupés court derrière ses oreilles. Elle n’a pas l’air stressée, simplement naturelle, brute, parfois même sarcastique. « Ce qu’il s’est passé dans ma tête quand je suis tombée [aux Oscars] ? Un gros mot que je ne peux pas dire mais qui commence par un P ! » Elle hausse les épaules. Elle le fait beaucoup. C’est comme si elle savait qu’elle ne dit pas les choses qu’elle est « censée » dire, mais elle s’en fiche. […]

Depuis qu’on l’a vue à Londres, on l’a rattrapée au Festival du Film de Toronto et à Los Angeles où elle était en pleine promotion de American Bluff et de L’Embrasement, et elle allait reprendre le rôle de Raven/Mystique pour la série X-Men (la sortie X-Men : Days of Future Past est programmée pour cet été). Ici, elle nous parle des tapis rouges, du destin et du fait que regarder la télé lui sert à méditer.

 À 23 ans, tu as atteint les plus hauts sommets de récompenses. Te sens-tu oppressée par ce qui vient avec la célébrité ? Même pour une personne plus mature, ce serait un gros challenge.

J’essaie de tout regarder de façon réaliste, sans en rajouter. Je crois que c’est facile de dramatiser les choses, surtout dans un monde où les choses sont faites pour être glamour alors qu’en fait, elles ne le sont pas. Je regarde toujours où je vais et je regarde toujours mon travail. Dans le grand schéma, la famille vient avant tout, mais oui, il y a beaucoup de distractions dans cette industrie, bien qu’aucune d’entre elles ne m’attire. Je n’aime pas sortir tard, donc les soirées ne me tentent pas tant que ça —je crois que j’aime juste mon travail, donc j’aime faire ce qui me permet de continuer de travailler. Ça m’aide à garder les pieds sur terre.

Ton succès t’a-t-il surprise ?

Une surprise serait un euphémisme. [Rires] Ce n’est pas vraiment un « Oh », c’est plutôt une explosion. C’est quelque chose pour lequel on ne peut jamais vraiment se préparer avant que ça n’arrive. La possibilité pour que ça se produire semble trop énorme et trop incroyable.

Est-ce vrai que tu as perdu ton Oscar ?

Je ne l’ai pas perdu, ma mère me l’a volé ! J’ai mis tous mes prix dans un petit placard chez moi, juste parce que je me sentais bizarre quand des gens venaient me rendre visite –je ne voulais pas être prétentieuse du genre : « Regarde ce que j’ai fait. » Donc je les ai juste cachés dans un placard. Mais ma mère a trouvé que c’était irrespectueux donc elle a pris l’Oscar et les autres statuettes chez moi dans le Kentucky.

Comment gères-tu la célébrité ?

Ça ne veut pas dire grand chose pour moi, mais j’apprécie le fait d’être dans une position qui me permet d’aider ma famille. C’est un vrai bonheur –c’est un sentiment merveilleux de savoir qu’après tout ce que mes parents ont sacrifié pour que j’en arrive ici, je peux leur rendre et m’occuper de ce qu’ils ont besoin. Ma famille est la raison pour laquelle j’en suis arrivée là et qui je suis et mes frères sont les personnes les plus importantes dans ma vie. Un de mes frères a un fils et le fait de savoir que je peux l’aider à payer pour l’éducation de mon neveu s’il en avait besoin est génial. Mon autre frère aime beaucoup voyager et j’aime le surprendre avec un vol vers l’Australie ou n’importe où il souhaiterait aller. Pouvoir faire ça pour chacun d’entre eux est la meilleure chose qui me soit arrivée.

C’est super que tu veuilles prendre soin de ta famille, mais est-ce que tu te fais plaisir ?

Je n’ai pas des goûts de luxe. Je conduis la même voiture depuis des années et je ne vais pas aller subitement aller m’acheter une Porsche ou quoi que ce soit. Ma famille m’a toujours appris à être raisonnable avec l’argent, donc le simple fait que j’en ai maintenant ne veut pas dire que je dois tout dépenser ! Je suis la plus heureuse quand je fais des choses simples et que je passe du temps avec mes amis et ma famille.

Quel est l’aspect de ta vie le plus difficile à gérer ?

Être suivie par les paparazzis peut être un problème, mais j’échange généralement ma voiture avec mes amis, ce qui me permet plus facilement de faire des choses sans être suivie. Une chose décevante est la sensation que les gens vous traitent différemment parce que vous êtes célèbre. Il n’y a plus ce contact naturel quand on rencontre une personne pour la première fois. Je n’aime pas me sentir différente ou que les gens se raccrochent à ma célébrité. Ça empêche certaines choses –bien que j’essaie toujours de rester moi-même et de mettre les gens à l’aise s’ils me rencontrent pour la première fois. C’est pour ça que c’est bien de pouvoir rester en contact avec les amis qui me connaissaient avant que je commence à avoir du succès et que je reçoive toute cette attention. Je veux vraiment rester loin de toutes les conneries de Hollywood.

Qu’en est-il de toutes les robes et des tapis rouges –aimes-tu ça ?

[Rires] Ce doit être les seules fois où j’aime bien m’habiller avec soin. En général, si je suis toute seule, je ne mets pas de maquillage et je mets mes vêtements normaux. J’ai grandi avec deux frères et je n’ai jamais été très féminine en ce qui concerne mes cheveux ou ce que j’allais mettre à l’école. Je suis toujours stressée quand je dois faire un tapis rouge et décider ce que je vais mettre pour de grands évènements.

Tu émerges comme une nouvelle sorte de sexe symbole ; quelqu’un qui a une beauté très naturelle.

Merci, mais j’aimerais bien avoir plus de pression pour être bien tout le temps ! Je ne fais pas de régimes, mais je fais du sport. Pour me préparer à L’Embrasement, j’ai fait du yoga et d’autres entrainements, ainsi que du jogging. Il n’y a pas de pilule magique à prendre. Et si je faisais un régime et que je me privais de certaines choses, je passerais ma journée à y penser jusqu’à pouvoir en manger donc ça ne sert à rien. J’essaie vraiment de ne pas trop penser à mon poids, à part quand je dois me préparer à un film ou pour un photoshoot. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire que je m’affame pour être jolie ou pour qu’on apprécie mon travail. J’aime bien avoir des formes.

Tu n’avais que 14 ans quand tu as commencé ce métier. Comment savais-tu si jeune que c’était ce que tu voulais ?

C’est tout ce que j’ai toujours voulu faire. Je savais que c’est quelque chose dans lequel je pourrais être douée. C’est pour ça que j’ai arrêté le lycée tôt. Personne ne veut embaucher quelqu’un qui est toujours à l’école donc je m’enfermais dans une pièce pendant 8 heures pour finir mes cours et avoir le bac plus tôt, parce que mes parents insistaient pour que je l’aie. Je savais ce que je voulais. C’était bizarre ; d’une certaine façon, je savais pour quoi j’étais faite, ce que je devais faire de ma vie et je n’allais pas abandonner. Être actrice a toujours été mon destin –ça a facilité les choses dans ma vie. Les gens me demandent toujours si je dois me pincer à cause de mon succès, mais honnêtement, les amis de mon âge terminent la fac et ne sont pas certains de ce qu’ils vont faire ensuite. J’ai juste eu de la chance de savoir ce que je voulais faire si tôt.

Comment choisis-tu les rôles ? Il semblerait que tu prennes beaucoup de risques dans ta carrière.

Je n’ai pas forcément l’impression de choisir les rôles –le film doit avoir un réalisateur avec lequel je souhaite travailler, et les réalisateurs sont très importants pour moi, parce que c’est avec eux qu’on apprend le plus. Souvent on peut trouver un très bon scénario, mais un réalisateur peut tout autant le réussir comme le gâcher. Donc le réalisateur est probablement celui qui compte le plus pour moi. Et aussi parce que c’est une relation très importante : celle entre l’acteur et le réalisateur, surtout du fait que je sois si jeune et que je n’ai pas beaucoup d’expérience. Je veux apprendre des choses avec des personnes que j’admire.

Comment mets-tu tout ça de côté ? Où t’échappes-tu ? Où recharges-tu la batterie ?

Rien. Je ne fais rien à part regarder de la mauvaise télé. Honnêtement, c’est une forme de méditation –ça met le cerveau en veille pendant des heures. Je travaille beaucoup pour le travail donc je ne veux pas voyager pendant mes vacances, je veux juste rester posée. J’aime bien m’occuper de mon neveu pendant plusieurs jours. Ça fait du bien, de faire ça.

Tu as beaucoup de repos ?

Pas dernièrement. Je crois que la jeunesse et le café m’on aidée à tenir !

 

Via Panem Propaganda