Jennifer Lawrence est en couverture du numéro consacré aux Oscars du magazine The Wrap, accompagné d'une interview et d'un photoshoot.
Lawrence
sait que son approche dépasse « ne les laissez jamais vous voir
transpirer » —au lieu de ça, c’est plutôt « ne transpirez pas. »
Et au vu de sa surprenante carrière qui a commencé à l’âge de 14 ans, elle a
lentement, tout en doutant occasionnellement, appris à adopter cette approche
particulière.
« J’aime
travailler le moins possible, c’est sûr, » admettait-elle en haussant les
épaules, assise dans l’hôtel West Hollywood trois jours après avoir remporté le
Screen Actors Guild Award de la meilleure actrice. « Je pense que ça fait
plus naturel et plus vrai. Parfois, on est en train de faire une scène et on a
déjà fait cinq ou six prises, et je suis juste morte. J’ai mémorisé mes
répliques. Je me rappelle des répliques de mes costars et ça n’est plus authentique. »
Mais comment
cette approche minimale, d’en faire le moins possible, a-t-elle résulté avec
des performances comme celles qu’elle a faites dans Winter’s Bone ou Happiness
Therapy ? Comment peut-on faire le minimum syndical et finir par
obtenir deux nominations aux Oscars, sans compter les rôles dans deux
franchises du moment, X-Men et Hunger Games ? Elle doit vraiment
travailler dur à un certain moment, n’est-ce pas ?
« On
pourrait le croire, » sourit-elle. « Je ne sais pas, j’ai toujours
analysé les gens et été fascinée par leurs réactions et leurs sentiments. Et je
pense que c’est le meilleurs cours de théâtre que l’on puisse prendre –observer
de vraies personnes, les écouter et les analyser. »
Une pause.
« Je sais que ça donne l’impression que je suis nulle, mais c’est juste
simple pour moi. Certaines personnes sont médecins et faire de la chirurgie
leur vient naturellement. Pour les écrivains, les mots s’enchaînent. J’ai un
ami qui peut écrire une chanson magnifique qui vous brisera le cœur en 25
minutes. Il y a certaines choses pour lesquelles les gens sont faits. Et pour
moi, jouer faire partie de ces choses. »
« Je
comprends ça –et tant mieux, parce que c’est à peu près la seule chose au monde
que je comprennent vraiment. »
David O.
Russel a une photo préférée de Jennifer Lawrence. Elle n’a pas été prise sur le
tournage de Happiness Therapy et ce
n’est assurément pas un cliché glamour –pour dire vrai, on ne voit même pas le
visage de Lawrence sur la photo.
En fait,
Russell l’a prise à la récente cérémonie des Golden Globes où Lawrence est
venue avec ce qu’elle décrit comme 40 degrés de fièvre avant de gagner le prix
de la meilleure actrice dans une comédie ou musicale. Après ça, en arrivant
dans les coulisses, elle a attrapé un sachet de chips –et quand elle est
retournée s’asseoir, elle a posé le sachet sur sa robe Dior Haute Couture, a
fourré sa main dedans (elle portait une énorme bague de diamants Chopard
qu’elle appelle « une boule de neige ») et a commencé à grignoter.
« C’est
ma photo préférée et c’est sa main avec ce bijou luxueux dans un sachet de
chips, » expliquait Russell. « C’est notre Jennifer. Elle est à la
fois une gamine et une femme glamour. »
Originaire
de Louisville, Lawrence a joué pour la première fois dans une publicité MTV à
14 ans, puis dans la série comique The
Big Engvall Show, puis dans le premier film de l’actrice Lori Petty The Poker House. « J’étais très
excitée que des gens me disent que j’étais douée pour jouer parce que je
n’avais jamais été bonne à quoi que ce soit dans la vie, » raconte-t-elle.
« Je me sentais stupide tous les jours à l’école et je n’étais pas
particulièrement sportive ou heureuse quand je faisais du sport. Je n’arrivais
pas à trouver ma place et ensuite, j’ai enfin trouvé quelque chose qui me
correspondait. »
Quand elle a
obtenu un rôle clé en tant que jeune Charlize Theron dans The Burning Plain, le premier film réalisé par le scénariste de Babel Guillermo Arriaga, elle avait peur
que ses premières expériences ne soient des anomalies. « J’étais
terrifiée, » dit-elle. « Je n’avais fait qu’un seul autre film et le
réalisateur m’aimait beaucoup. Mais je me suis dit que je n’avais jamais
fait ça auparavant et je ne savais pas ce que je faisais. Je me suis dit :
‘’Est-ce que je pourrais le refaire ?’’ Je n’avais aucune confiance en moi
–mais quand j’ai commencé et que j’ai ressenti exactement la même chose que
pour le premier, j’ai commencé à prendre un peu plus d’assurance. »
Le temps
qu’elle fasse Winter’s Bone de Debra
Granik, qui a été diffusé pour la première fois en 2010 à Sundance, Lawrence se
sentait à l’aise dans le processus –et tombait amoureuse du monde des films
indépendants. « C’est probablement le dernier film sur lequel j’ai
travaillé où il n’y a pas eu une seule discussion au sujet du public, »
dit-elle d’un air rêveur. « On ne s’attendait juste pas à en avoir un.
Passer de là au tapis rouge des Oscars était vraiment incroyable. »
D’un autre
côté, Jennifer Lawrence affirme que sa facilité avec le jeu ne se retrouvait
pas dans toutes les facettes du métier. « J’étais complètement nulle aux
auditions, » dit-elle. « Je me rappelle à quel point c’était
frustrant quand j’auditionnais et que quelqu’un avait vu The Burning Plain ou The
Poker House et qu’ils disaient : ‘’Au vu de sa performance dans le
film, je pensais qu’elle allait beaucoup mieux s’en sortir.’’ Et je me
disais : ‘’Je tournais un film
quand j’ai fait ça !’’ On me tendait juste une papier et on me
disait : ‘’Joue, singe, joue !’’ »
Malgré cela,
après avoir lu le scénario de Happiness
Therapy, Lawrence avait très envie d’auditionner pour Russell, un de ses
réalisateurs préférés. « Je la trouvais juste bizarre, » dit-elle de
son personnage, Tiffany Maxwell, une jeune femme qui utilisait le sexe pour
soulager sa douleur après la mort de son mari. « Et j’adorais non
seulement ce qu’elle apprenait au personnage de Bradley [Cooper] mais aussi sur
le fait qu’on ne devait pas toujours se concentrer sur le fait de changer, mais
sur le fait de s’apprécier. »
Russell
trouvait que Lawrence était trop jeune pour le rôle, mais il a accepté de faire
une audition sur Skype. « C’était un peu une formalité, comme si elle
n’avait pas vraiment sa chance, » dit-il. « Je savais très peu de
choses sur elle, mais j’avais juste une intuition bizarre. »
Lawrence a
fait l’audition depuis la maison de ses parents à Louisville, en faisait du
jogging pour les scènes de course du film, puis elle a pleuré pour une scène
clé pendant que Russell faisait les répliques de Cooper. « Elle a vraiment
une qualité naturelle, elle est elle-même avec sa voix grave, » se
souvient Russell. « Elle était tellement vraie et authentique, pas
précieuse du tout, et elle répondait très bien à mes instructions. »
Après que
Lawrence ait pleuré, Russell lui a demandé si elle avait besoin d’un mouchoir.
Elle en voulait effectivement un et elle a traversé la pièce pour ouvrir une
porte avec de s’arrêter et de dire à Russell qu’elle n’irait pas dans l’autre
pièce parce qu’elle y avait vu une énorme araignée quelques jours plus tôt.
« Elle a dit que c’était le genre d’araignée qui recroquevillait ses
pattes au-dessus de sa tête, » racontait Russell. « Et elle a imité
l’araignée d’une façon tellement bizarre, qui était indescriptible, tout en
étant merveilleux et extrêmement drôle qu’elle m’a absolument enchanté. »
Après avoir
obtenu le rôle et être arrivée sur place pour travailler, Lawrence se rappelle
que Russell la poussait à être vraie. « David me disait toujours de parler
moins fort, » dit Lawrence. « Sa phrase fétiche était : ‘’Pas de
connerie.’’ Je pensais : ‘’D’accord, je crois qu’il va falloir que je
retire la connerie de ma voix.’’ »
Alors que
Russell se tenait tout près des acteurs et leur criait des instructions et de
nouvelles directions en plein milieu d’une scène, Lawrence dit avoir trouvé
l’expérience de Happiness Therapy
spontanée et stimulante.
« Elle
va foncer dans une direction et on lui dit : « Non, va plutôt par
là,’’ alors elle va foncer dans cette direction, » explique Russell.
« C’est quelque chose de fantastique pour un acteur –une volonté d’adopter
un rôle tout en acceptant les remarques et plonger dans une nouvelle
direction. »
En parlant
d’autres directions, la carrière de Lawrence s’est semble-t-il basée sur un
chemin parallèle : des indépendants comme Happiness Therapy, Winter’s
Bone et The Burning Plain d’un
côté et des franchises comme X-Men et
Hunger Games de l’autre. Le côté
franchise lui apporte le salaire de 10 millions de dollars mais le côté
indépendant est clairement où son cœur penche.
« J’avais
fait des films indépendants avec Winter’s
Bone, » dit-elle. « mais c’était la première fois que je pouvais
vraiment ressentir cette sensation d’être frigorifié après la 18ème
heure, et tout le monde faisait pareil, on avait tous la passion de ce qu’on
faisait. C’est un sentiment qu’on n’aura jamais sur un film en studio. On aura
une très belle caravane, mais il n’y aura jamais ce lien avec les gens. C’est
seulement sur les films indépendants et je recherche ça au
quotidien. »
Pourtant,
elle retourne sur ses neuf jours finaux de tournage du deuxième film Hunger Games juste après les Oscars,
avant de faire un autre film X-Men.
« Ça avait l’air fun et ça l’était, au final. Quant à Hunger Games, je l’ai adoré malgré
sa taille. J’ai adoré le scénario et les livres et j’ai adoré toutes les
personnes impliquées. Je n’ai pas aimé sa taille et je ne voulais pas être dans
une autre franchise. Mais je ne regrette pas d’avoir accepté, ce qui me
surprend un peu, parce que je m’attendais complètement à regretter. »
Maintenant,
Lawrence est de retour sur le circuit des Awards qu’elle a traversé à 20 ans.
« Je suis dans une situation différente, cette fois, »
explique-t-elle. « La dernière fois, j’étais nouvelle dans l’industrie
donc c’était une explosion et une entrée terrifiante dans le business.
Maintenant, je suis plus à l’aise, donc ça ne fait pas aussi peur. »
De plus,
selon Russell, Lawrence sait désormais comment se tenir dans n’importe quelle
situation. « Elle n’a pas peur de dire ce qu’elle pense, que ce soit avec
Harvey Weinstein ou moi, » dit-il. « Elle ne filtre pas ce qu’elle
dit et elle ne se complique pas la vie, elle n’entre pas dans ce côté formaté. »
Il rit. « J’ai
fait une séance de questions/réponses avec elle une fois et elle parlait de son
personnage [dans Happiness Therapy]
et elle a dit : ‘’Je n’avais jamais vu un personnage aussi têtu et
vulnérable.’’ Et j’ai dit : ‘’Vraiment ? Parce que tu es comme ça.’’ »
Via The Hob
Topissime cette couverture!
RépondreSupprimerC'est vrai qu'elle est magnifique :)
RépondreSupprimerMerci pour la traduction :D
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