lundi 20 août 2012

Lettre de Donald Sutherland à Gary Ross


Donald Sutherland et Gary Ross avaient déjà parlé en interview d'une lettre que l'acteur avait envoyé au réalisateur pour lui faire partager sa vision fascinante du Président Snow ; le site du Business Insider a désormais publié cette lettre.
Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il sait brillamment manier les mots ! 


Cher Gary Ross,

Le pouvoir. C’est de cela qu’il s’agit ? Oui ? Le pouvoir et les forces qui sont manipulées par les hommes puissants et les bureaucrates qui tentent de maintenir le contrôle et la possession de ce pouvoir ?

Le pouvoir perpétue la guerre et l’oppression pour se maintenir avant de se renverser à cause de la pression des bureaucrates et de couler sur les pages de l’histoire (sauf au Texas), laissant derrière lui des leçons qui doivent être apprises et oubliées.

Le pouvoir corrompt et, dans beaucoup de cas, le pouvoir absolu vous donne envie d’en avoir toujours plus. Clinton, Chirac, Mao, Mitterrand.

Ce n’est pas le cas, je pense, avec Corilanus Snow. Son obsession, sa passion, est son jardin de roses. Il y a une rose appelée Sterling Silver qui est de couleur lilas et dont l’odeur est absolument extraordinaire –incroyablement belle— que j’ai aimé dans les années 70 quand elle est apparue. Ils l’ont beaucoup photographiée depuis.

Je ne voulais pas vous écrire avant d’avoir lu la trilogie et maintenant que c’est fait : les roses ont une très grande importance. Ainsi que les yeux de Coriolanus. Et son sourire. Ces éléments sont vibrants et vitaux pour Snow. Tout le reste est, de loin, très tranquille et contrôlé sans merci. Quel bonheur lui apporte Katniss. Il la connaît si bien. Rien, absolument rien, ne le surprend. Il voit et comprend tout. C’était, très probablement, un homme brillant qui a succombé au chant de sirène du pouvoir.

Comment allez-vous appuyer sur le dialogue intérieur qui se passe dans la tête de Katniss et qui décrit et nous informe continuellement de sa relation avec le Président, qui est omniprésent dans son esprit ? Il la connaît parfaitement, avec un calme omniscient. Elle sait que c’est le cas et qu’il fera tout ce qui sera nécessaire pour maintenir son pouvoir parce qu’elle sait qu’elle est une réelle menace à son emprise fragile sur le contrôle de ce pouvoir. Elle est plus dangereuse que Jeanne D’Arc.

Son monologue/dialogue intérieur définit Snow. C’est cette ancienne habitude théâtrale : on ne peut pas « jouer » un roi, il faut que les autres personnes sur scène se disent, et de cette façon disent au public, des choses comme : « Voilà le Roi, il n’est pas facile, qu’il est méchant, qu’il est adorable, qu’il est bienveillant, qu’il est cruel, qu’il est brillant ! » L’idée que l’on a de lui, sa définition, la perception de lui qu’a le public, est en premier lieu instaurée par les observations des autres et, une fois que cette idée est mise en place, l’opinion du public sur le personnage est quasiment inflexible. Et dans le cas de Snow, cette définition vient, bien entendu, de Katniss.

Le mal ressemble à ce que nous avons compris de l’histoire des hommes que nous regardons. Ce n’est pas ce que l’on voit : c’est ce que l’on nous a poussé à croire. C’est aussi simple que ça. Regardez le visage de Ted Bundy [tueur en série américain] avant de savoir ce qu’il a fait et après l’avoir appris.

Snow n’a pas l’air méchant pour les habitants du Capitole de Panem. Bundy n’avait pas l’air méchant pour ces filles. Ma femme et moi étions en voiture dans le Colorado quand il s’est échappé de la prison là-bas. L’avertissement radio était constant. « Ne prenez aucun jeune homme en voiture. Le fugitif a l’air du jeune homme le plus gentil qui soit. » Le mal de Snow se dessine dans la menace qui est toujours présente dans ses yeux. Sa droiture résolue. Avez-vous vu le film que j’ai fait il y a plusieurs années ? L’Arme à l’œil. Ce garçon avait certaines choses que je recherche.

La femme qui vivait dans la même rue que nous à Brentwood est venue me demander à ma femme et moi quand nous allions déposer les enfants à l’école. Cette femme et son mari voulaient savoir comment ma femme pouvait vivre avec quelqu’un qui pouvait jouer un homme aussi cruel. Cette histoire a pu divertir une soirée ou deux, mais une partie de ma femme se pose toujours la question.

J’aimerais beaucoup vous parler quand vous en aurez l’opportunité pour que nous soyons sur la même page.

Source : HGgirlonfire

5 commentaires:

  1. Je l'ai vu dans les bonus. :)

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  2. Euh... Pourquoi parler de Chirac et de Mitterrand, au même titre que Mao ? N'aurait-il pas oublié Hitler, Mussolinni, Franco et Bush ? ;)

    pdg

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  3. Il fait plein de références française :o

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