jeudi 17 janvier 2013

Interview de Jennifer Lawrence avec le LA Times


Une nouvelle interview de Jennifer Lawrence avec le LA Times a été publiée, ainsi que de nouvelles photos réalisées pour l'occasion. 

Jennifer Lawrence se glisse dans un fauteuil au Culina, l’élégant restaurant de l’hôtel Four Seasons. Elle est en pause déjeuner pour sa journée de promotion pour la sortie internationale de Happiness Therapy, mais elle ne mange pas puisqu’elle vient de partager une part de lasagnes faites maisons qu’un journaliste lui a donnée pendant sa dernière interview. Lawrence accepte tout de même le pain focaccia à l’huile d’olive qu’un serveur lui propose, mais refuse poliment d’en reprendre une fois terminé.

« Si je dois porter cette jupe, » rit Lawrence en désignant la jupe blanche mi-longue qu’elle porte, « Je ne peux plus rien mettre dans mon estomac. » Quand le serveur vante la légèreté du pain, Lawrence interrompt : « Ce n’est pas une question de poids. Croyez-moi. C’est juste que je rentre à peine dans ces vêtements ! »

Elle se tourne ensuite vers son compagnon de déjeuner. « Donc j’ai eu des lasagnes, » dit-elle, joueuse. « Que m’avez-vous apporté ? »

Il y a un manque de prétention rafraichissant chez Lawrence, évident à partir du moment où vous la rencontrez et elle avoue que son iPhone la victimise, l’application Siri l’appelant « Meredith » dès qu’elle lui pose une question. Mais ce n’est rien comparé au dédain que la jeune femme de 22 ans originaire du Kentucky, qui vient de recevoir sa deuxième nomination aux Oscars pour son rôle dans Happiness Therapy, ressent à l’égard de la dévotion qui règne dans le monde cinématographique. Elle a également pleinement conscience de l’influence qu’elle a sur les jeunes femmes, surtout maintenant qu’elle interprète l’héroine forte et déterminée Katniss Everdeen dans les adaptations cinématographiques de la trilogie pour jeunes adultes de Suzanne Collins, Hunger Games.

« J’ai aussi été adolescente –c’est dur à croire, n’est-ce pas ?— et je me rappelle lire des magazines et les tabloïdes, » dit Lawrence. « Je ne pense pas que les médias réalisent à quel point ils idéalisent l’anorexie. Une actrice qui a perdu du poids pour un rôle explique comment elle l’a perdu : ‘’J’ai mangé une grappe de raison par jour et j’ai perdu 10 kilos et j’étais dangereusement en insuffisance pondérale et maintenant je reçois des prix.’’ »

« Avec Katniss, je n’ai jamais voulu que ça soit important. Ce qui comptait simplement était qu’elle soit forte et une guerrière au lieu de dépérir, surtout quand, sans aucun doute, elle va être un modèle pour beaucoup de jeunes filles. Je crois que ce serait mieux pour elles de se dire : ‘’Je pourrais ressembler à Katniss’’ plutôt que ‘’Je n’arriverais jamais à ressembler à ça si je continue à manger.’’ »

Peu de temps après avoir signé pour jouer Tiffany, la jeune veuve têtue dans Happiness Therapy qui tombe sous le charme d’un homme fraichement sorti d’un hôpital psychiatrique, Lawrence a découvert la gentillesse du scénariste et réalisateur David O. Russell, dont l’honnêteté l’a ravie jour après jour. Elle était en plein milieu d’une scène, en train de délivrer un monologue, et elle entendrait Russell grogner dans le moniteur, offrant des commentaires du genre : ‘’Oooooh. C’est trop mauvais. Oh, mon Dieu. Euuuuuh.’’ Lawrence terminait et demandait : ‘’Tu veux que je recommence ?’’ et Russell répondait : ‘’Oh mon Dieu, oui !’’

« C’est hilarant pour moi, surtout après avoir travaillé à Hollywood où tout le monde est sur ses gardes avec les acteurs et leur sentiments, » explique Lawrence. « On fait tous la même chose. On fait tous un film. Allons droit au… Ne me dites pas ce que je fais bien. Dites moi ce que je fais mal, pour que je puisse m’améliorer. Je viens d’une famille sportive donc je réponds mieux à cette approche. »

Il semblerait que toute l’équipe a bien répondu à l’énergie sur le plateau. Le film a reçu un total de huit nominations aux Oscars, y compris dans la catégorie meilleur film, Russell pour l’écriture du scénario et la réalisation et une pour chaque costar Bradley Cooper, Robert De Niro et Jacki Weaver, ainsi qu’une pour le montage. 

Quand on lui a demandé de parler de Lawrence, Russell, qui l’a faite auditionner sur Skype depuis la maison de ses parents à Louisville, répond étonnamment avec une analogie sportive, rapprochant la facilité de Lawrence au talent des Yankees de New York Joe Dimaggio.

« C’est une sportive naturellement douée, » dit Russell. « Elle n’est pas névrosée. Elle est très à l’aise dans son corps et elle a une vraie présence qui lui est propre. Harvey [Weinstein, dont l’entreprise a financé le film] n’était pas sûr d’elle à cause de son âge. Mais elle n’a pas d’âge pour moi. »

Cooper en arrive également au sujet de l’âge.

« Elle a genre 10 ans et 40 ans en même temps, » dit Cooper. « Elle passait son temps à faire des blagues, et on a l’impression qu’elle ne fait pas attention à ce qui l’entoure. Et tout d’un coup elle mettait en marche le laser de concentration et elle faisait quelque chose de magique. »

Tiffany est, comme Katniss, une jeune femme puissante qui a également des défauts et qui est brisée. Elle a fait des erreurs –et continue à en faire. Mais elle a fait la paix avec ses imperfections et essaie de persuader le protagoniste bipolaire joué par Cooper de faire la même chose.

« Tiffany a appris qu’il y aura toujours des côtés d’elle qui seront différents, pas normaux, comme personne d’autre, mais il faut l’accepter et se pardonner à soi-même, » dit Lawrence. « C’est la chose la plus importante qu’elle aurait pu apprendre et que, espérons-le, notre public apprenne aussi. »

Lawrence appelle sa collaboration avec Russell « la meilleure expérience » de sa vie, une affirmation appuyée par la réaction de ses parents quand ils ont vu le film au Festival international du film de Toronto en septembre dernier. Lawrence les a rejoints à la fin du film et a immédiatement remarqué que son père, un homme qu’elle n’a jamais vu pleurer, était « en larmes. » Donc, selon son père au moins, Lawrence s’est écriée devant tout le monde : « Papa, tu pleures ! » —une « trahison » qu’il ne lui a toujours pas pardonnée.

« Voir ça, surtout en sachant tout ce que mes parents ont abandonné pour moi, ça m’a profondément touchée, » explique Lawrence. « Ils ont laissé des amis, leurs économies pour que je puisse faire ce métier. Le fait qu’ils aiment ce que je fais enlève un peu la culpabilité, je crois. Autant que ce soit bien que ce soit reconnu par ses pairs, l’approbation de vos parents est ce qui compte le plus. Ce sera probablement toujours comme ça. »
 

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