lundi 18 novembre 2013

Interview de Jennifer Lawrence avec Madame Figaro


L'écrivain Marc Lévy a interviewé Jennifer Lawrence il y a quelques mois pour Madame Figaro, avec laquelle il a discuté de son ascension à Hollywood, de son rôle de Katniss et de son enfance. 

Rendez-vous m’avait été donné en fin d’après-midi avec Jennifer Lawrence, dans un studio de pho­tographie le long de l’Hudson River. Elle y achevait une longue journée de travail pour une campagne Dior. Je la supposais en retard, elle arriva pile à l’heure ; je la devi­nais épuisée, elle était fraîche et rieuse. J’avais en tête de lui épargner les questions posées cent fois de­puis qu’en quelques films elle s’était propulsée dans le club très fermé des stars les plus convoitées de Hol­lywood et dans celui plus restreint encore de celles à avoir dé­­cro­ché un oscar. Elle se laissa choir dans un ca­napé et me rassura sur-le-champ, me disant qu’elle es­timait avoir de la chance qu’on lui pose des questions et qu’on s’in­- téresse à sa carrière. Jennifer Lawrence est une jeune fil­­le normale, vraiment normale, une jeune fil­le que l’on pourrait croiser sur les bancs d’un stade de base-ball, buvant un Coca et suivant le match en jurant. Elle aime la vie et la croque à pleines dents, elle vient du Ken­­­tucky, et le revendique, elle aime sa famille, sa fra­trie, à qui elle dit tout devoir, elle a son franc-parler, elle est plus que douée, mais reste humble et ne joue pas avec les faux-semblants. Elle incarne ses rôles, dont la di­versité témoigne de son talent, avec un naturel qui dé­concerte et vous subjugue. Entretien avec une jeune fil­le du Kentucky qui, enfant, se croyait dépourvue d’intelli- gence et qui un jour arriva à New York et y trouva sa voie…

Marc Levy. – Dans l’un de vos premiers films, Winter’s Bone, votre personnage passe de l’adolescence à l’âge adulte en une séquence. Avez-vous vécu la même expérience avec ce film?
Jennifer Lawrence.  – Non, Dieu merci. J’avais 18 ans lorsque j’ai tourné ce film et je n’ai pas eu le sentiment de passer un cap. J’ai plutôt l’impression d’être encore en passe de devenir adulte. Mais j’ai énormément appris sur ce tournage, sur le cinéma et aussi sur moi-même. Je n’ai jamais pris de cours pour devenir actrice et personne ne m’a expliqué comment procéder. Je suis en train de faire mon propre apprentissage, de découvrir ce que je peux et ne peux pas accomplir.

Votre succès fulgurant ne vous a pas obligée à grandir plus vite?
Non. Je veux que ma vie reste aussi normale que possible. L’un des dangers dans l’industrie du cinéma est que tout aille trop vite, vieillir et se priver d’avoir vécu. Je ne veux pas brûler les étapes de ma vie. Je veux rester simple
; vous voyez, je n’ai pas d’assistante. Celle qui m’assiste, c’est ma meilleure amie. À la fin d’une journée de tournage, je peux rentrer chez moi et traîner avec elle, faire ce que l’on fait à 22 ans… et non partager du temps avec quelqu’un qui travaille pour moi. (Rires.)

Ce film accordait une grande liberté au personnage que vous incarniez. Recherchez-vous cette liberté ?
Quand je lis un scénario, j’espère être surprise par le personnage et trouver une bonne histoire qui m’émeuve d’une façon ou d’une autre. Les rôles que j’ai joués ont beaucoup de points communs
; les personnages sont forts, doivent se battre, se dépasser, accomplir quelque chose de bien plus grand qu’eux, quelque chose qui les transforme. Ce n’est peut-être pas qu’une coïncidence, mais ce n’est pas ce que je recherche à tout prix. Je garde l’esprit ouvert.

Quelle enfant étiez-vous?
Mon surnom était « Nitro », comme nitroglycérine. J’étais hyperactive, curieuse de tout. Quand ma mère me parle de mon enfance, elle me dit toujours qu’il y avait comme une lumière en moi, une étincelle qui m’animait sans cesse. Lorsque je suis entrée à l’école, cette lumière s’est éteinte. On n’a jamais su ce que c’était, une sorte d’anxiété sociale. Pourtant j’avais des amies. Je crois surtout que je ne me sentais pas intelligente, car je n’étais pas assez bonne élève… Je pensais que certaines personnes sont stupides, mais finissent par s’en sortir et que je faisais partie de celles-là. (Rires.) Je suis allée voir un psy, rien n’y faisait. Un jour, j’ai supplié mes parents de m’emmener à un casting, nous sommes partis à New York et c’est là que j’ai commencé à jouer la comédie. À peine sur scène, ma mère a vu le changement qui s’opérait en moi. Elle a vu mes angoisses disparaître. Elle retrouvait sa fille, celle qui possédait cette lumière et cette joie d’avant l’école. J’avais enfin trouvé un chemin, ouvert les portes d’un univers que je comprenais, qui me faisait du bien et me rendait heureuse, parce que je m’en sentais capable, alors qu’avant je me sentais bonne à rien. C’est pour ça que maman s’est battue pour que je puisse être actrice. […]

En interprétant Katniss dans Hunger Games, vous êtes devenue l’icône d’une génération. Avez-vous conscience de l’influence d’un rôle sur votre public?
Absolument. Je n’ai jamais imaginé ni prévu de devenir un modèle pour quiconque, cela m’est tombé dessus quand j’ai accepté ce film.
Je serais hypocrite de nier que des jeunes filles me prennent en exemple, et de dire que je n’ai aucune responsabilité envers elles. Parce que clairement, j’en ai. Je connais l’influence qu’ont les célébrités sur les jeunes. Je me souviens qu’au collège les tabloïds disaient que Lindsay Lohan, Paris Hilton et Nicole Richie étaient anorexiques
; soudain toutes les filles de mon école se sont mises à faire des régimes draconiens. J’ai été adolescente, et je tiens à transmettre un message positif. C’est difficile parce que ma carrière doit être dictée par mes envies, mais… à partir du moment où je suis devenue Katniss, je prends cela en considération. […]

Que pensez-vous de votre ascension fulgurante à Hollywood?
Je fais simplement mon métier, je ne me sens pas responsable de grand-chose. J’ai travaillé avec de très bons réalisateurs. J’aime ce que je fais. Tout est tellement simple et évident quand je suis sur un tournage que je n’y pense même pas. La seule chose qui m’épate, c’est la réaction des gens. À quel point ils sont gentils et élogieux à mon égard. Je n’ai pas de mots pour exprimer combien cela me touche.

En interprétant Katniss dans Hunger Games, vous êtes devenue l’icône d’une génération. Avez-vous conscience de l’influence d’un rôle sur votre public?
Absolument. Je n’ai jamais imaginé ni prévu de devenir un modèle pour quiconque, cela m’est tombé dessus quand j’ai accepté ce film.
Je serais hypocrite de nier que des jeunes filles me prennent en exemple, et de dire que je n’ai aucune responsabilité envers elles. Parce que clairement, j’en ai. Je connais l’influence qu’ont les célébrités sur les jeunes. Je me souviens qu’au collège les tabloïds disaient que Lindsay Lohan, Paris Hilton et Nicole Richie étaient anorexiques
; soudain toutes les filles de mon école se sont mises à faire des régimes draconiens. J’ai été adolescente, et je tiens à transmettre un message positif. C’est difficile parce que ma carrière doit être dictée par mes envies, mais… à partir du moment où je suis devenue Katniss, je prends cela en considération.

Vous renouez avec ce personnage dans Hunger Games : l’Embrasement (2). A-t-elle changé
?
C’est drôle comment Katniss et moi suivons un peu le même chemin. J’avais 19 et 20 ans quand j’ai lu les deux premiers tomes de Hunger Games.Je venais d’être nominée aux oscars pour Happiness Therapy, je devais aller à des soirées ou apparaître sur les red carpets, porter des robes couture, et je ne me sentais pas moi-même. J’avais l’impression d’être une alienne
; c’est ce que Katniss vit dans le premier tome de Hunger Games et puis, dans le second, elle s’installe un peu dans cette nouvelle vie. Elle prend conscience qu’elle doit apprendre à communiquer avec ce nouvel entourage, à porter certains vêtements, à se maquiller… C’est un peu comme ça que je me suis sentie aussi. (Rires.)

Vous pouvez lire l'intégralité de son interview ICI.

4 commentaires:

  1. merci lolli !!! pour ce paragraphe c est vraiment formidable j adore ton site tu peux pas savoir !!

    RépondreSupprimer
  2. je l'envie tellement!
    moi aussi j'aimerais devenir une grande actrice hollywoodienne et pouvoir jouer la comédie! Elle le fait avec tellement de naturel et elle est toujours simple et humble!
    Je veux vraiment lui ressembler en grandissant et avoir le même parcours qu'elle.

    RépondreSupprimer
  3. Ah enfin quelqu'un qui pose des questions différentes de ce qu'on a l'habitude de voir ! Ça change et c'est intéressant. Merci Marc Levy !!

    RépondreSupprimer
  4. ".Je venais d’être nominée aux oscars pour Happiness Therapy," C'est pas plutôt pour "Winter's Bone"? Sinon cette interview est vraiment très intéressante avec un vrai fond.

    RépondreSupprimer